COUVRE-FEU ET TRANSPORT

Les embouteillages et les horaires indisposent sur les revenus des acteurs du transport routier

Le couvre-feu ajouté aux horaires du couvre-feu indispose beaucoup les acteurs du transport routier. Ces derniers rencontrés ont exigé la révision des horaires du couvre-feu et l’ouverture de concertations autour des mesures barrières sur la gestion de la pandémie.

C’est un coup dur pour les chauffeurs  durant cette période d’Etat d’urgence assortie du couvre-feu. Ce, à cause des embouteillages et des horaires du couvre- feu fixés de 21 jusqu’à 05 heures du matin. Au niveau du Rond- Point Tally Bou bess de Pikine et de la gare routière de Colobane où nous nous sommes rendus, les chauffeurs interpellés ont tenu à exprimer leur désarroi.

Abdou Diop chauffeur mercedez 508 communément appelé Ndiaga  Ndiaye interrogé rumine sa colère « Nous ne sommes pas contre le couvre-feu .Mais franchement, l’heure ne nous arrange pas.21 heures, ce n’est pas bon. Car aujourd’hui, le transport ne nourrit plus son nom .Nous qui faisons le transport urbain, nous souffrons terriblement des embouteillages car partout, il y a des chantiers. Donc en temps normal, si tu devrais faire 05 allers-retours Dakar Guédiawaye, tu n’es plus en mesure de le faire à cause de ses chantiers du Brt  et de l’autopont de Pikine.Et pourtant, tu descendais à 23 heures ou 00 heure. Mais avec le couvre- feu, c’est la catastrophe. Et si l’on continue, nous risquons d’avoir des problèmes avec nos patrons ».

Son collègue  Aziz Seck de Colobane lui emboite le pas  pour flinguer le Chef de l’Etat et son Ministre Mansour Faye« Pour moi, Macky Sall n’aime pas le transport. C’est pour cela que je n’ai jamais voté pour lui depuis qu’il avait dit tolérance zéro. Et aujourd’hui, il nous l’a démontré par sa mesure impopulaire de couvre-feu de 21 heures. Car aujourd’hui, nous sommes déjà fatigués des tracasseries sur les routes, de la cherté du carburant, des embouteillages avec des chantiers qui ne s’achèvent jamais. Macky est venu nous agoniser avec le couvre- feu. Pour moi, Macky n’a pas de conseiller ni encore trouvé un Ministre des transports capable de nous comprendre ».

Chauffeur de taxi Fallou Diop rencontré à Colobane aussi partage l’opinion «L’heure du couvre-feu n’arrange pas le secteur du transport. Pour moi, le président a pris une décision irréfléchie sans pour comprendre l’enjeu d’un secteur aussi important que le transport. Si l’on continue à ce rythme, nous risquons d’avoir des problèmes avec nos patrons. Moi, j’ai fait comprendre à mon employeur que je ne peux plus lui verser 10 mille francs à cause de ce couvre-feu ».

Les clients subissent les dictats des tarifs hors nomes avec des ruptures de charges

Avec ce couvre-feu fixé à 21 heures, certains chauffeurs ont trouvé une astuce pour se remplir les poches et compléter leurs versements à travers le système de rupture de charge. Par exemple, certains chauffeurs de cars rapides n’hésitent pas à dire Grand Dakar 150 francs. Une fois arrivée à Grand Dakar, ils vont encore faire  un autre départ sur le tronçon routier Grand Dakar Hlm moyennant 100 francs. Et enfin arrivé aux Hlm, les chauffeurs vont encore organiser un autre départ Hlm Liberté 06 moyennant encore 100 francs. Arrivés à Liberté 06, les chauffeurs disent encore Patte d’oie contre 100 francs de payement par clients. Et arrivé à Patte d’oie, les apprentis-chauffeurs vont prendre d’autres clients via Police-case-bi.Et arrivé au niveau du Rond- Point case-bi, ils rebroussent chemin où ils organisent un trajet sur Guédiawaye moyennant 150 francs. Hors qu’en temps normal, il suffisait de casquer 150 francs pour rallier Dakar  Parcelles.

Du côté des taximen, certains d’entre eux profitent de la descente pour prendre plusieurs clients. C’est le cas à Colobane où un taximen aux environs de 19 heures réclamait sur le tronçon Rufisque- Dakar 2000 francs.Ce qui n’a pas empêché aux clients de se ruer vers lui par faute de moyens de déplacements.

Les syndicalistes du transport exigent la révision de l’horaire du couvre-feu

Face à ces désagréments rencontrés par les chauffeurs et les usagers, les syndicalistes du transport exigent la révision des horaires du couvre-feu de 23 heures à 05 heures du matin. 

D’après le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des transports routiers du sénégal(Snttrs) Alassane Ndoye « L’heure du couvre-feu n’est pas bon. Il faut penser à le changer car cela indispose tout le monde. Avec les embouteillages, personne ne travaille correctement. Parfois, cela favorise les accidents. Car le chauffeur ne conduit pas dans la tranquillité pour son versement et le client pressé de rentrer le harcèle. Car ce couvre-feu constitue un problème de sécurité. Donc, les autorités doivent ouvrir des concertations avant de prendre certaines décisions ».Et le chargé de communication du Snttrs  Abdou Karim Seck de renchérir « Pour nous, on devrait amener l’horaire du couvre-feu de 23 heures à 05 heures du matin pour permettre aux populations de rentrer en toute quiétude. Le problème du non-port de masques par les clients qu’on impute souvent aux chauffeurs doit être réglé. Nous trouvons que c’est injuste ».

Pour le secrétaire général du Syndicat démocratique des chauffeurs de taxis du sénégal Modou Ndiaye « L’horaire n’est pas bon. On doit le revoir. Cette mesure prise par notre ministre de tutelle nous porte préjudice. Il y a un manque à gagner et il y a des tracasseries sur les masques pour les clients qui ne le portent pas .Car les policiers ou les gendarmes imputent la responsabilité au chauffeur pour leur imposer une taxe de 6000 francs. Sur un autre registre, il y a problème sur les transports des clients qui viennent de voyage ».

Ces acteurs du transport espèrent tout de même que les autorités étatiques vont entendre leur cri du cœur pour ouvrir des concertations.