PROJET BRT
7000 emplois menacés selon une étude de l’Ucad et de Global labour institut
Les acteurs du secteur informel risquent de voir leurs emplois au nombre de 7000 être compromis dans le projet Bus rapide transit(Brt).C’est ce qui ressort d’une étude commanditée par la Fédération internationale des ouvriers du transport et réalisée par le laboratoire de géographie de l’Ucad et Glabour labour institute(Gli).
Des pertes d’emplois au nombre de 7000 planent sur le Projet Bus rapide transit(Brt).C’est le fruit d’un rapport publié par le laboratoire de l’Université cheikh anta diop(Ucad )et Global labour institute(Gli) suite à une étude commanditée par la Fédération internationale des ouvriers du transport(Itf en anglais).
D’après le Professeur Papa Sakho du Laboratoire de Géographie humaine de l’Université Cheikh Anta Diop, Dakar « Il ya plus de 7000 emplois qui sont menacés de chômage technique forcé avec ce projet Brt. Puisque, nous sommes partis d’un fait avec un échantillonnage .Si l’on voit que dans ce projet de renouvellement du parc automobile urbain, il y a 03 mille cars rapides et cars ndiaga ndiaye qui restent. Et chaque car rapide, il ya au moins 04 personnes qui y travaillent. Donc déjà avec le système des bus, c’est seulement 02 individus par véhicule. Faites le cumul, vous vous rendez compte que vous êtes déjà largement atteints ce chiffre. En plus de ça, il y a les emplois indirects dont les professionnels de l’automobile qui dépannent ces véhicules et certains acteurs du secteur informel dont ceux qui s’activent dans la restauration populaire et la vente de l’eau .Ce qui veut dire que cela risque de causer des pertes d’emplois ».
L’étude sur le Brt a montré également que les travailleurs du secteur informel n’ont pas été bien sensibilisés. Car l’échantillonnage a montré que plus de 76% de ces travailleurs n’étaient pas au courant du projet et que 56 % des personnes interrogées ont fait état de leurs risques de pertes d’emplois.
Faisant le point sur la situation du transport routier,Monsieur Sakho étale les difficultés dont celles liées à la Covid 19 pour affirmer « Lorsque les restrictions liées au Covid-19 ont été imposées l’année dernière, les systèmes de transport public se sont quasiment arrêtés du jour au lendemain. Dans toute l’Afrique, les mesures de confinement et de distanciation physique visant à contenir le virus ont entraîné une baisse des revenus estimée à 81 %, avec la perte d’environ 28 millions d’emplois à plein temps dans la seule Afrique de l’Ouest, selon l’Organisation internationale du Travail. À Dakar, les autorités ont mis en place des mesures d’aide pour soutenir le secteur formel des transports. Le gouvernement sénégalais, conscient du rôle majeur joué par les travailleurs informels dans l’économie nationale, a récemment créé un nouveau poste ministériel pour s’occuper du travail informel. Il a pourtant négligé le rôle des systèmes de transport informels dans l’économie de la ville. De leur côté également, les autorités n’ont pas su apporter un soutien digne de ce nom aux travailleurs informels, dont les moyens de subsistance dépendent principalement des clients et dont le lot quotidien n’apparaît pas clairement dans les statistiques officielles ».
Ce qui n’est pas sans conséquence selon toujours ce rapport sur le tissu économique et social surtout pour les acteurs du secteur informel dont les femmes. Car Monsieur Sakho dans son argumentaire soutient que « Cette négligence à l’égard des travailleurs informels pourrait plonger des milliers de familles dans la pauvreté et nuire aux progrès du Sénégal dans la réalisation de plusieurs objectifs de développement durable, tels que la réduction de la pauvreté, la réduction des inégalités entre les sexes et d’autres formes d’inégalités, ou le développement d’économies et de villes résilientes ».Car a-t-il tenu à faire savoir pour se justifier« Les travailleurs informels du secteur des transports de Dakar étaient déjà en situation de vulnérabilité avant la pandémie. Sur la base de données recueillies avant la pandémie, il constate des niveaux d’insécurité extrêmes chez les travailleurs des transports informels de Dakar, dont seulement 6 % déclarent bénéficier d’un contrat de travail avec leur employeur. Deux tiers des travailleurs interrogés (68,7 %) n’avaient pas d’emploi régulier, tandis que 57 % ont déclaré que leurs revenus provenaient directement des tarifs payés par les clients. Le rapport estime que le projet de bus à haut niveau de service (BRT) de la ville menace 5 000 à 10 000 emplois dans le secteur informel ».
Face à ces manquements constatés, la Fédération internationale des ouvriers du transport exige des solutions dont des concertations avec tous les acteurs concernés par le projet pour éviter l’implosion sociale qui selon elle risque de provoquer l’insécurité. « Pour favoriser une transition juste du transport informel vers le transport formel, il convient de mieux prendre en considération la nature de la main-d’œuvre informelle de Dakar et d’évaluer les implications potentielles du BRT sur les moyens de subsistance et les conditions de travail dans le secteur informel. Cependant, comme le note le rapport, très peu de travailleurs informels semblent avoir été consultés lors des phases initiales de planification. C’est là une lacune récurrente de nombreux projets de BRT en Afrique » a encore fait comprendre le professeur Sakho, consultant de l’Itf. Et le secrétaire général de l’Union des routiers du sénégal (Urs) Gora Khouma non moins coordonnateur local Itf de renchérir « Je crois qu’il faut des concertations pour éviter la perte d’emplois ».
Et à ce sujet, l’Itf émet une série de recommandations dont l’amélioration de la protection sociale et la réglementation pour garantir que les travailleurs bénéficient de contrats de travail et de journées de travail réduites, la démultiplication des sessions de formation professionnelle en particulier pour les femmes, la priorisation des contrats d’embauche dans le Brt aux acteurs du secteur informel impactés par le projet, l’amélioration des conditions de travail dans les aérogares par la mise à disposition de blocs d’hygiènes, d’eau potables et d’abris pour les acteurs du transport routier, le soutien aux travailleurs qui perdront leurs emplois par l’octroi d’indemnités et leur recasements dans d’autres localités l’appui aux femmes du secteur informel par l’autonomisation car étant plus impactées que les hommes. Ce qui avait fait dire d’ailleurs au représentant de l’Itf d’Afrique francophone Bayla Sow de la nécessité de la priorisation et de la prise en compte du secteur informel par des concertations pour ne pas compromettre des emplois et plonger des familles dans la précarité.